Mardi
21 août 1990
Partis
dimanche de Strasbourg en Trafic avec Viviane et nos filles Alexia (15 ans) et Caroline
(13 ans), nous avons passé la première nuit dans la nature près de
Pourru-Saint-Rémy (Ardennes) puis la nuit dernière dans un camping à Serques,
près de Saint-Omer (Pas-de-Calais).
A
11h, nous quittons le camping et roulons vers Calais. Nous embarquons dans un
ferry à 12h30.
Traversée
de la Manche
et arrivée au ROYAUME-UNI,
à Dover (Douvres), dans le comté de Kent à 13h45 (12h45,
heure britannique). Douvres est un port
très actif, grâce à son incessant trafic de passagers.
En
sortant du port, il me faut tout d’abord m’habituer à rouler à gauche. Pas
évident.
Nous
nous arrêtons pour pique-niquer sur les hautes falaises blanches de Douvres.
L’après-midi,
nous longeons la côte jusqu’à Rye (East
Sussex), l’une des plus jolies villes du sud de l’Angleterre. Nous nous
promenons dans les rues.
Rye
a su conserver son aspect médiéval, avec son lacis de ruelles pavées, bordées
de vieilles maisons. Dans une rue pittoresque, on remarque une magnifique maison
en encorbellement, « Mermaid Inn », construite en 1420.
Nous
rejoignons la camionnette garée à l’extérieur de la ville. Sur une pelouse en
contrebas des murs, se joue un match de cricket.
Nous
roulons en direction de Londres jusqu’à Maidstone. Nous cerclons dans la région
pour trouver un lieu où passer la
nuit. Il est très difficile en Angleterre de s’arrêter dans
la campagne : cottages, propriétés privées, champs et prés clôturés, canaux
d’irrigation qui empêchent toute intrusion…
Le
soir, en désespoir de cause, nous nous arrêtons en lisière d'un champ, près de
Langley (non loin de Maidstone). Il y a vraiment peu de place. La tente contre une
haie, à cheval sur un sillon de labour, et le Trafic par devant, dissimulant la
tente aux regards.
Nous
mangeons tous les quatre dans le Trafic. Les filles dorment sous la tente-gadget
(une nouvelle tente à une seule toile, d’un seul tenant, soit disant très rapide
à monter !) et nous dans le fourgon.
Mercredi
22 août 1990
Nous
passons la journée à LONDON (Londres).
Au
matin, nous entrons en ville en voiture et nous garons à proximité de la Tamise , en face de la
« City ».
Attention
quand on traverse les rues. Il faut regarder à droite. D’ailleurs, c’est écrit
sur le sol à chaque carrefour, à l’attention des Français qui auraient oublié
qu’ici on roule à gauche !
Le charme de Londres se goûte dans ses
contradictions. Capitale insolite, magique et enivrante. Métropole énorme,
grouillante et réellement cosmopolite. Pas de quartiers vraiment anciens,
puisque le grand incendie de 1666, nettoyant la peste de l’année précédente,
les a pratiquement liquidés. En revanche, peu de cicatrices de type HLM.
Maisons basses et immenses parcs brumeux en plein centre ville.
Nous
nous rendons d’abord sur le "Tower bridge".
C’est
un pont basculant sur la Tamise
près de la tour de Londres. Ce pont est célèbre dans le monde entier grâce à
son architecture victorienne très particulière : il est composé de deux
grandes tours néo-gothiques, d'une suspension rigide, d'un tablier s'ouvrant au
passage des navires les plus hauts et d'une passerelle au sommet. Les
machineries du pont ouvrant et la passerelle sont ouvertes au public pour des
petites visites. C'est aussi un excellent moyen d'avoir un panorama de la
ville.
Nous envisageons ensuite de visiter la tour de
Londres. La tour sanglante, symbole
de la monarchie britannique, a très souvent servi de prison. Les bourgeois de
Calais, le roi de France Jean le Bon, et même le nazi Rudolf Hess en furent des
prisonniers célèbres. Aujourd’hui, on peut
s’y extasier(!) devant les joyaux de la Couronne.
Mais nous sommes au mois d’août, et il y a une
interminable file d’attente. On préfère renoncer.
On prend un taxi londonien. Une institution ! Le Cab est un véhicule rétro, spacieux, aux
formes toutes rondes, qui semble appartenir à un autre siècle… Il offre un
espace immense, haut de plafond, facile d'accès grâce à de larges portières avec
un compartiment voyageur isolé.
Le
taxi nous dépose devant la Tour
de l'Horloge du Palais de Westminster, le siège du parlement britannique (House of Parliament). Big Ben est le surnom de la grande
cloche située dans la tour.
Le 31 mai 1859, la célèbre horloge entre
en service. Chaque année, elle est réglée en posant une pièce de un penny sur
le mécanisme si elle prend de l’avance, ou en en enlevant une si elle retarde.
Le bâtiment fait face à la
Tamise , entre le pont et l'abbaye de Westminster (Westminster Abbey). Depuis 1859, ce
sont les cloches de Big Ben qui, à minuit le 31 décembre, annoncent dans tous
les foyers anglais le début de la nouvelle année. Le son est retransmis sur
toutes les chaînes de télévision et de radio du pays.
Nous
visitons Westminster Abbey, une magnifique église où sont enterrés les
hommes les plus illustres d’Angleterre et où se font couronner les rois et les
reines.
Après
cette visite, nous cherchons à manger. Il est assez difficile de bien manger à
Londres pour pas cher. Nous nous rabattons sur un fast food. Très mauvais. Du
moins pour moi, car Viviane et les filles ont l’air d’apprécier le sandwich
infâme !
L’après-midi,
nous nous rendons à Buckingham Palace, la résidence de la famille
royale. Nous échappons à la relève de la garde qui a lieu le matin à 11h30.
Nous nous contentons des abords du palais, le long des grilles, devant les gardes
impassibles sous leurs grands bonnets à poil.
Nous
sommes à proximité de Hyde Park. Nous allons le traverser. Une bouffée
d’air frais dans un grand parc frémissant de feuilles. A l’un des coins du
parc, « Speaker’s Corner », un homme, juché sur une caissette, lit à
haute voix quelques pages d’un livre, avec force gesticulations.
Il
y est vaguement question d’un « rabbit », un lapin. C’est tout ce que nous comprenons ! Tout britannique ayant un message à apporter
au monde peut venir l’exposer dans ce coin du parc devant des passants
indifférents.
On peut y dire n’importe quoi et
n’importe comment !
De
l’autre côté du parc, nous parcourons Oxford Street, une rue très
commerçante de Londres, avec ses grandes boutiques. La rue est envahie de taxis,
de bus à impériale.
Partout
dans Londres, domine le rouge anglais, le « pageantry », que ce soit
sur les uniformes des gardes à cheval, sur les bus à impériale ou les cabines
téléphoniques caractéristiques.
Vers
17h30, nous prenons un bus à impériale pour quitter la City et retourner à la voiture. Depuis le
premier étage du bus, nous sommes aux premières loges pour assister au spectacle
de la rue.
C’est
la galère pour sortir de Londres vers le nord. Et quand nous avons enfin quitté
l’agglomération, une autre épreuve nous attend : la recherche d'un
emplacement pour dormir. Nous cerclons dans la campagne environnante jusqu'à la nuit. Rien d’un tant
soit peu sympathique… Viviane et les filles commencent à s’impatienter. Je suis
trop difficile, paraît-il…
Finalement,
nous allons nous arrêter aux abords d'un champ et d'une route. Je monte la
tente des filles, de nuit, derrière le Trafic. Ensuite nous mangeons dans le
fourgon avant de bientôt aller nous coucher.
Jeudi
23 août 1990
Départ
à 9h40.
Nous
faisons route vers le nord. Le but de notre voyage étant l’Ecosse, nous allons
traverser l’Angleterre par les autoroutes (Leicester, Nottingham…).
Conduite
apaisée : la vitesse est limitée à 70 miles (112 km/h ) sur les
autoroutes. Les voitures se déportent pour vous laisser entrer sur
l’autoroute, les camions vous font des appels de phare pour vous indiquer que
vous pouvez vous rabattre.
Nous
faisons un arrêt dans la nature, hors autoroute, pour le repas de midi, ainsi
que d’habitude.
Nous
quittons l’autoroute au nord de Middlesbrough, à hauteur de Durham, au
nord-est de l’Angleterre (comté de Durham). Nous roulons encore un peu sur une
petite route de campagne et dénichons un camping sympathique sous une pinède.
Il est 18h. Nous nous installons au camping.
Nous
y passons une agréable soirée avec le soleil qui filtre sous la pinède.
Vendredi
24 août 1990
Comté
le plus septentrional de l'Angleterre, situé au nord du fleuve Tyne, le Northumberland
se termine à la « frontière » anglo-écossaise par les monts Cheviot
qui prolongent la
chaîne Pennine. Nous traversons un parc national et arrivons
à midi en Ecosse.
Halte
au col de Carter Bar (418 m ), frontière de
l’Ecosse, ancien poste de péage. Nous y sommes accueillis par une troupe de
musiciens écossais en kilt jouant de la cornemuse. L’un d’entre eux essaye d’engager
la conversation. Moi qui ai déjà beaucoup de mal à parler et comprendre
l’anglais, alors là avec son terrible accent écossais, c’est quasiment
impossible.
Comme
je ne comprends absolument rien, il me tape dans le dos amicalement :
« ah, my friend, my friend ! » Il finit par me demander si j’ai
de la bière. Je sors une Kronenbourg, précisant qu’il s’agit d’une bière
alsacienne !
Nous
poursuivons notre route.
A
l’occasion d’un arrêt pipi, je redémarre instinctivement sur la droite de la
chaussée.
Un
cri à l’arrière de la voiture : « papa ! » Un camion arrive
face à nous. Un brusque coup de volant pour me remettre à gauche. Ouf !
A 14h30, nous arrivons à Edinburgh, la capitale de l’Ecosse.
Je
n’ai qu’un vague souvenir de cette ville qui date de mon passage avec Patrice
en 1973.
Nous
visitons le château d'Edinburgh, vigilant gardien de la ville sur une
colline : chapelle Sainte-Marguerite, dernier vestige du château du XIe
siècle, construite dans le style normand, aujourd’hui l’une des plus anciennes
églises d’Ecosse ; appartements de la reine Marie Stuart avec les magnifiques
joyaux de la Couronne. La plupart des ouvrages visibles aujourd’hui datent du XVIe siècle
et des rajouts qui ont suivi. Le château fut bien sûr pris et repris des
dizaines de fois tout au long de l’histoire de l’Ecosse.
Après
le château, nous visitons la cathédrale St Giles, dont les quatre
piliers centraux appartiennent à la période normande (1120). En face de St
Giles, « Parliament House » est un bâtiment du XVIIe
siècle qui abrita le parlement écossais jusqu’en 1707, date de la création du
Royaume de Grande-Bretagne.
Nous
entrons dans un pub. Vitrine en verre dépoli, boiseries patinées. Je bois une
bière tirée au tonneau, « draught », sans mousse, servie à
température ambiante.
En
ville, dans le quartier de Grassmarket, (marché hebdomadaire de la ville de 1417 à 1911) les banderoles
flottent sur une esplanade où se produit une troupe de musiciens. C’est le
festival d’Edinburgh, qui se déroule chaque année en août.
Il
y a possibilité de visiter la ville par le petit train touristique… Les filles
aimeraient bien. Moi, je n’ai pas envie de jouer au touriste ! Et puis le
ciel est gris, menaçant. Toutes les excuses sont bonnes !
Cette race très ancienne, à la robe
rouge-brun, à poils longs, s'est façonnée dans une région au climat rude. Elle
est très rustique, demandant peu de soins, capable de vivre dans les
conditions les plus dures : froid, neige, marais...Elle est capable d'exploiter
des pâturages pauvres dans des paysages de landes. Elle peut consommer une
grande variété de végétaux de type arbustif, ce qui en fait une excellente débroussailleuse.
Elle est la seule vache capable de vivre dans cette région où la seule
concurrence vient des moutons.
Nous
allons poursuivre en voiture notre balade dans la ville. Et de fait il va
pleuvoir ! CQFD.
Nous
quittons la ville vers le nord.
Le
soir, nous nous arrêtons dans la nature près d'un petit lac. La pluie a enfin
cessé, et le soleil apparaît même par moment. Nous ouvrons en grand les portes
arrière et nous mangeons dans le Trafic. Nous allons passer la nuit à cet endroit,
malgré l’humidité ambiante.
Samedi
25 août 1990
Nous
montons vers le nord.
Arrêt
à Dunkeld, un village qui s’étale
langoureusement le long de la
rivière Tay : nous faisons des courses et une balade en
ville. Nous visitons la cathédrale (édifiée du XIIIe au XVe
siècle), dans un superbe jardin en bord de rivière avec de grands arbres. Seul
le chœur a été restauré. Le reste des ruines ne manque pas de grandeur.
Nous
traversons Glenisla dans
l’après-midi, une vallée délicieuse,
charmante, hors des circuits principaux. Nombreuses fermes avec leurs bâtiments
ronds et les toits en cône.
On
rejoint une route plus importante. Le paysage change du tout au tout. A partir de
Spittal of Glenshee, les montagnes s’élèvent, la vallée se dépouille de ses
cultures, de ses arbres, de ses maisons.
Premiers
contacts avec la sauvagerie écossaise ... Les Grampian Mountains sont l’une des chaînes de montagne les plus
importantes d’Ecosse, où plusieurs sommets dépassent les 1000 mètres . Montagnes
usées couvertes de bruyères, larges vallées et absence de trace humaine. Des
paysages absolument fascinants !
Nous
franchissons Cairnwell Pass (670
m ) et traversons Braemar, une station de villégiature
d’été, avec un château de belle allure. Un peu plus loin, nous faisons une
halte près d’un pittoresque vieux pont sur la river Dee , « the
Old Bridge ».
Viviane
et les filles se trempent les pieds dans la rivière où affleurent les rochers. Brrr !
Nous
passons devant le château de Balmoral, résidence écossaise de la famille
royale.
Le
ciel est chargé, mouvant, instable. C’est un vrai ciel d’Ecosse…
Nous
décidons de passer la nuit dans ces montagnes entre Braemar et Tomintoul.
Vastes étendues désertiques de landes à bruyères.
Nous
installons le campement non loin de la route. La tente est
montée au bord d’un ruisseau.
C’est
ici qu’apparaissent les « midges », des moucherons voraces et irritants
qui fondent sur vous en rangs serrés, particulièrement agressifs à l’aube et
au crépuscule. Leur piqûre démange furieusement. Nous sortons le réchaud à gaz
et préparons le repas à l’extérieur du Trafic. De la panse de brebis farcie,
que nous avons achetée à Braemar. Les midges s’en mêlent et tombent en rafales
dans la casserole ! Nous mangerons donc dans le fourgon.
Pour
la nuit, les filles seront bien protégées par la moustiquaire de la tente. Ce
qui n’est pas notre cas.
Dimanche
26 août 1990
Le
jour se lève sur la
lande. Avant que tout le monde n’émerge, je prends mes
jumelles et je fais de l'observation de tétras-lyres. Le petit coq de bruyère est particulièrement abondant dans les
milieux découverts de landes et marécages. Des femelles s’envolent et se posent
un peu plus loin en caquetant, à demi camouflées par la maigre végétation.
Nous
levons le camp à 11h30. Nous allons suivre la route du whisky, « malt
whisky trail » où l’on peut visiter six des plus importantes distilleries
de whisky pur malt des Grampians. Toutes les distilleries sont fermées le
dimanche, sauf celle de Glenfiddish, à Dufftown.
De
12h30 à 13h45, nous allons visiter la distillerie. La première
goutte du précieux nectar y coula le jour de Noël 1887. Dirigée par la même
famille depuis cinq générations, c’est la seule distillerie des Highlands qui
assure son propre embouteillage, ce qui fait que l’on assiste au procédé
complet de production. La visite est suivie d’une dégustation de
Glenfiddish.
On
commence à avoir faim. Après avoir quitté la distillerie, on va s’arrêter un
peu plus loin pour manger.
Nous
faisons route vers Elgin, le point le plus au nord de notre voyage (57°38’)
puis nous nous dirigeons à l’ouest vers Inverness, longeant la mer du Nord.
Les Highlands (les « hautes terres ») sont une région
montagneuse située au nord et à l'ouest de la faille frontalière des Highlands
qui traverse l’Ecosse. Cette région peu habitée et peu fertile est couverte de
collines et de montagnes dont plusieurs sommets dépassent 1000 mètres . Elle est
coupée en deux par la faille géologique de Glen More dans laquelle s'étire le loch
Ness célèbre pour son monstre marin hypothétique. Le canal calédonien qui relie
la mer du Nord à Fort William traverse le loch Ness et le loch Lochy.
Capitale
des Highlands, très touristique, Inverness
est un passage obligé pour tous ceux qui montent au nord. C’est une ville assez
agréable mais qui n’a pas grand-chose à proposer.
C’est
par contre un camp de base pour faire le tour du loch Ness.
Nous
parcourons en voiture la rive est du lac. Après Dores, nous prenons de la hauteur. La route
folâtre dans une nature superbement préservée livrant de beaux panoramas sur le
loch. Paysage doux et serein, avec un ciel nuageux et une luminosité vive qui
donne au lac des reflets argentés.
Le loch Ness, bordé de vieilles forêts
de pins, se révèle plus profond que la mer du Nord et maints secteurs de
l’océan Atlantique (près de 320
mètres de profondeur).
En
surplomb du loch, à l’entrée du village de Foyers, le croquignolet cimetière de
Boleskine (indiqué par le Guide du Routard) est un des plus romantiques
d’Ecosse. Très vieilles tombes sculptées dont certaines, à même le sol,
retournent au végétal. L’une d’entre elle date de 1789. Alexia et Caroline ne
comprennent pas l’intérêt d’une telle halte et se demandent bien pourquoi l’on
vient à l’étranger visiter des cimetières, alors que l’on n’y met pas les pieds
en France !
Parvenant
à l’extrémité sud du lac, nous remarquons une prairie au bord d'une rivière où
des camping-cars sont arrêtés, nous incitant à en faire autant. Nous nous
installons un peu à l’écart et je monte la tente. Les filles
chaussent nos paires de bottes pour traverser la rivière à pied et faire de
l’équilibrisme sur les rochers qui la parsèment.
Vu
l’humidité ambiante, nous mangeons à l’intérieur du Trafic.
Lundi
27 août 1990
Aujourd’hui,
nous prévoyons de traverser les Highlands jusqu’à la côte atlantique.
Nous
terminons tout d’abord notre tour du loch Ness, remontant par la rive ouest jusqu’à
Drumnacdrochit. C’est le cœur touristique
de la région du loch Ness. Les ruines du château d’Urquhart surplombent le lac.
On y trouve un musée sur l’histoire du monstre et d’inévitables boutiques à
souvenirs de Nessie, le monstre du loch Ness.
Celui qui a imaginé l’histoire du
monstre a réussi l’un des plus beaux coups publicitaires de tous les temps. Après
la publicité faite autour de l’apparition de ce monstre et toute l’effervescence
qui a suivi - une équipe de Japonais est même là à plein temps -, un ingénieur
britannique vient de proposer une thèse intéressante : les troncs de pins
tombés dans le lac finissent, gorgés d’eau, par couler. Due aux fortes pressions,
l’apparition de gaz à l’intérieur du tronc provoque de grosses bulles qui le
remettent à flot. Leur échappement peut prendre l’apparence de véritables explosions
de ballast. Une fois vidé, le tronc, à nouveau plus lourd que l’eau disparaît
tout aussi vite au fond.
On
ne s’attarde pas et on se dirige vers Glen
Affric, une vallée paradisiaque pour les amoureux de la nature. Douceur ,
variété des paysages et des tonalités sous un ciel variable à souhait.
On
fait un arrêt sympa aux «Dog Falls », des chutes d’eau avec plein de
rochers à escalader. La route longe le loch Beinn et s’arrête
au bout de 20 km
sur une aire de pique-nique.
Demi-tour
jusqu’à Cannich. Traversée des Highlands vers l'ouest par de petites routes.
Le paysage classique des Highlands est
la lande couverte de bruyère ou de fougères et parsemée de rochers énormes et
de lacs (les lochs) aux eaux
très claires. Les vallées profondes (les glens) ont été façonnées par les glaciers qui ont aussi découpé
la côte ouest en fjords semblables à ceux de Norvège. Par endroits le
sol imperméable est marécageux et couvert de tourbières. Une flore et une faune
particulière se sont développées dans ce milieu très humide et balayé par les
vents froids. Les falaises escarpées par endroit abritent toutes sortes
d'oiseaux marins.
La
route de Kinlochewe à Torridon est fantastique : large vallée avec de
rares arbres, encaissée entre de hauts massifs granitiques. C’est un parc
naturel.
Nous
atteignons Shieldaig, au-dessus de
la baie de Torridon. C’est un nouveau village de pêcheurs sur une baie
fantastique, avec une route perdue et une île au milieu du port. Sur une
terrasse dominant la baie et le village, nous trouvons un terrain pour camper.
Le site est non payant. Il y a des toilettes mais pas de douche. Des moutons
broutent sur les pentes enherbées.
La vue sur la baie est magnifique.
On peut y apercevoir des marsouins s’ébattre
dans la baie, on peut y pêcher le saumon en eau douce et la morue en eau salée.
Et
quand le jour baisse, la teinte sombre des collines accentue la luminosité
argentée de la mer.
Splendide.
Alexia
décide d’aller se promener seule. Devant l’inquiétude de Viviane, je pars à sa
recherche. Je la retrouve sur la lande, sans problème pour elle…
Le
soir, Viviane et moi faisons une balade dans le village en contrebas. Au moment
de nous coucher, les filles sous tente poussent des cris d’orfraie. Elles sont
impressionnées par l’ombre à contre-jour,
contre la toile, de grandes tipules, des espèces de grands moustiques
inoffensifs. Des « pistules », disent les filles.
Pendant
la nuit, un vent violent se met à souffler. Nouveaux cris. La tente, proie du
vent, est en mauvaise posture. Je me lève et rejoins les filles. Je les envoie
dormir dans le Trafic avec Viviane et je prends leur place sous la tente. Je
vais passer la nuit à maintenir l’armature jusqu’à ce que le vent se calme.
Mardi
28 août 1990
Au
matin, la tempête s’est calmée. Nous passons la matinée sur place. Départ à midi.
Avant de quitter les lieux, nous n’oublions pas notre obole, dans une boîte
aux lettres à la sortie.
Nous
parcourons par une petite route montagneuse la péninsule du Beinn Bhan, d’abord
en corniche au-dessus des fjords puis à l’intérieur des terres. Les paysages
sont superbes.
Nous
traversons des hameaux perdus où paissent en liberté chèvres et moutons.
Paysage
presque breton avec les maisons aux murs
souvent peints à la chaux blanche, avec leur toit aux tuiles grises et une
cheminée à chaque extrémité du bâtiment. On retrouve l’origine commune celtique
des Ecossais et des Bretons.
La
petite route étroite serpente dans la lande. Beaucoup de moutons sur les
routes. Ça et là, des renfoncements (passing places) sont installés à
intervalle régulier pour permettre le croisement des voitures. Nous sommes
frappés par le nombre important de lapins écrasés qui jonchent la chaussée, comme
chez nous les hérissons.
Nous
atteignons Kyle of Lochalsh sur le littoral atlantique en face des îles
Hébrides. La région est remarquable par
la beauté du littoral entrecoupé de lochs très semblables aux fjords
norvégiens. C’est le point d’embarquement pour l’île de Skye, la plus proche et la plus grande des îles Hébrides
dites intérieures.
Nous
prenons un bac. On accoste à Kyleakin. Nous rejoignons Portree, la
capitale. C ’est un port très mignon avec ses maisons aux
façades peintes de tons pastel.
Site
vraiment merveilleux en bordure d’un loch qui s’enfonce à l’intérieur des terres.
Et le ciel se dégage. Le soleil illumine le port.
Nous
faisons une balade en ville à pied. Dans une boutique, nous achetons des pulls
en shetland pour Jean-Lionel et Alexia.
La monnaie en Ecosse est toujours la
livre sterling mais il faut savoir que l'Ecosse jouit d'une relative autonomie
par rapport à l'Angleterre : les banques écossaises peuvent ainsi émettre leurs
propres billets de banque, différents des billets de banque anglais, mais qui
sont de même valeur.
Par
la suite, nous effectuons un circuit dans l’île. Paysage impressionnant : la
mer, la montagne, les torrents, les moutons, la lande. En cours de
route, un émouvant petit cimetière ceint d’un muret de pierres. Encore un
cimetière, se plaignent Alexia et Caroline !
Nous
nous dirigeons vers Dunveagan, à
l'ouest de l'île, avec son château, résidence du célèbre clan Mc Leod depuis le
XIIe siècle. Par une très petite route, nous gagnons, 6 km plus loin, un parking où
nous garons le fourgon. Balade à pied d’un quart d’heure sur un sentier qui
mène à une plage jonchée de débris de coraux.
Au
retour, nous avons quelques difficultés pour nous dégager du parking boueux.
A
Dunveagan, la côte du loch est déchiquetée.
Nous
observons une colonie de phoques veaux-marins (Phoca vitulina), installée sur les minuscules îles.
Non
loin de là, broutent les magnifiques vaches des Highlands.
Et
ce soleil rasant qui embellit le paysage!
Nous
longeons la côte vers le sud. Le temps se gâte et vire à la tempête. Nous nous arrêtons
vers 20h30 sur un terre-plein au bord d'un fjord fouetté par la pluie et le
vent.
Ce
soir, les filles dormiront dans la voiture à cause de la tempête, Viviane et
moi sous la tente.
Mercredi
29 août 1990
Temps
toujours maussade. Départ à 9h30 sans avoir déjeuné.
Sur
le retour, nous parcourons une vingtaine de miles jusqu’à Broadford. Là nous nous arrêtons dans un B&B pour un breakfast
copieux : œufs au bacon, saucisses, «
beans » (haricots en sauce)… Je crois que les filles se sont contentées d’un
chocolat !
Nous
quittons l’île en reprenant le bac à Kyleakin.
Près
du village de Dornie, nous visitons Eilan
Donan Castle, une forteresse érigée
au XIIIe siècle pour interdire l’accès du loch aux Vikings, rasée en
1719, reconstruite en 1932 selon les plans du XIIIe siècle et qui
servit de cadre au film « Highlander ».
Le
château est très visité, mais il garde son charme. On imagine la population du
village envahir le vieux pont d’entrée pour brûler le héros du film, incarné
par Christophe Lambert.
Nous
visitons le château, entre autres les cuisines, la grande salle de réception.
Nous
poursuivons notre route et rejoignons la faille de Glen More et le canal
calédonien pour atteindre Fort William.
300 jours de pluie par an ! Mais la position de Fort William au pied du
Ben Nevis, le pic le plus élevé des îles britanniques (1344 m ), en fait pourtant
l’une des villes les plus touristiques d’Ecosse : risque d’indigestion de
boutiques de souvenirs en perspective ... A éviter, donc. Nous y faisons
néanmoins quelques achats. Ensuite nous allons prendre un pot. Viviane, qui
collectionne les verres à bière, me charge de demander au serveur s’il est
possible d’obtenir une pinte vide. Je bredouille quelque chose comme « Is
it possible to have a pint for my wife’s collection ? » Il me fixe
intensément. Un moment d’incertitude. Puis il me lance un « yes »
tonitruant. Et c’est tout. On repart avec la pinte.
Dernière
étape dans les Highlands avant le retour vers Glasgow. La route vers le loch
Lomond traverse une vallée fantastique, Glen Coe, encerclée par des sommets à
plus de 1000 mètres
aux formes magiques. Puis la route file droit à travers un plateau de
tourbières immense, dominé par les Black Mounts : les paysages sont sauvages
et splendides.
Le
soir, nous longeons le loch Lomond. Lorsque nous trouvons un endroit accessible,
nous faisons une halte dans la nature pour manger, au nord de Glasgow. Et vers
21h30, c’est le trajet vers le sud...
Jeudi
30 août 1990
... Pendant
la nuit, nous allons traverser toute l’Angleterre par l’autoroute (Manchester,
Birmingham…).
Je
m’arrêterai par deux fois sur une aire d’autoroute pour dormir un peu.
Nous
arrivons dans la matinée au nord de Londres.
Nous
contournons la ville et reprenons la route vers Douvres que nous atteignons
dans la soirée.
A 17h15,
nous embarquons pour la France. Nous
arrivons à Calais à 19h45 (heure française).
Nous
retournons dormir au camping de Serques.
Il n’y a plus assez de place à l’intérieur. Nous pouvons nous installer sur un
pré à l’entrée du camping, sous des arbres. Les filles retrouvent leurs copains
d’il y a dix jours. Dans ce camping populaire, les familles passent d’année en
année leurs vacances au même endroit.
Nous
effectuerons demain notre trajet de retour vers Schiltigheim.
*****
Hello Amoureux de l’Écosse ( 4 séjours) je cherche des infos pour mon prochain voyage photos notamment le tétra lyre. Pouvez vous me donner des détails sur l'endroit d e vos observations. Meci d(avance
RépondreSupprimerwww.humberta.piwigo.com
Bonjour,
SupprimerC'était il y a trente ans !
En reconsultant des cartes, cet endroit se situait dans les Grampian Mountains. Sur la route A939 (old military road)entre le château de Balmoral(résidence écossaise de la famille royale)et Corgarff. Nous nous étions arrêtés auprès d'un ruisseau qui traversait la route. Ce pourrait être, sans certitude, le ruisseau Caochan a'Bhutta.
A l'époque, je ne possédais pas d'appareil photo suffisamment performant. Mais je me souviens que ces landes fourmillaient de tétras-lyres qui caquetaient dans la maigre végétation...
Voilà les souvenirs qui me sont restés. Désolé de ne pouvoir être plus précis.
Cordialement,
Jean-Marie Mengin.