mercredi 24 février 2016

1998 Tunisie (quatrième voyage)

Dimanche 4 octobre 1998

Viviane et moi quittons Arinthod (Jura) pour Bourg-en-Bresse. De là, nous prenons un train pour Lyon à 7h30.
Départ depuis l'aéroport de Lyon-Satolas, pour la TUNISIE.
Arrivée à Tunis-Carthage vers 11h30.

Hichem et Raoudha nous attendent à l'aéroport. Nous prenons en charge une voiture de location que nous a réservée Hichem pour la semaine. Nos amis nous emmènent chez eux à TUNIS. Nous mangeons ensemble dans leur appartement, avec le frère d'Hichem, Tayeb (maintenant en retraite).
Nous passons un coup de fil à Raoudha Labidi, fille de la famille Ben Khalifa, que nous avions rencontrée à  Menzel Bourguiba les 7 et 10 août 1985, dans la maison où Viviane avait vécu lorsqu’elle était enfant. Elle nous invite pour ce soir, tout de suite, même ! Nous annonçons à Hichem que nous passerons la soirée à Bizerte. Un peu frustrés, Hichem et Tayeb !
Viviane et moi partons en voiture à Bizerte. Le mari de Raoudha Labidi nous attend en ville et nous emmène à la maison. Nous y rejoignons notre amie et ses deux enfants. Des retrouvailles chaleureuses ! En 1985, Raoudha était étudiante en médecine. Elle a arrêté ses études et travaille dans un laboratoire. Son mari est médecin. Nous mangeons et passons la soirée chez eux.
Nous rentrons chez Hichem à Tunis pour 23h30.
On dort dans la chambre des enfants.

Lundi 5 octobre 1998

Le matin, Viviane et moi descendons au centre-ville et allons nous promener dans la médina de Tunis. L’Unesco l’a inscrite au répertoire du patrimoine culturel de l’Humanité. Elle fut fondée il y a treize siècles. Sa visite est une incursion dans le temps et une leçon d’histoire. C’est l’un des plus beaux ensembles de mosquées, de médersas, tombeaux et habitations du bassin méditerranéen.  
Les souks étendent leur toile d’araignée autour des monuments de la médina. Les différents corps de métiers sont regroupés dans des secteurs bien délimités. Les professions nobles trouvent leur place autour de la Grande Mosquée, les autres sont repoussées à la périphérie.
On pénètre dans le labyrinthe des ruelles et des passages couverts. On est assailli par une multitude d’odeurs, cuirs, fleurs, épices. Il y a toujours quelqu’un de serviable pour vous aider ! Justement, un « guide » nous propose ses services. On a beau savoir, on se fait quand même avoir. C’est vrai que sans lui nous ne serions pas montés sur les magnifiques terrasses intérieures qui dominent la médina, insoupçonnables de la rue. 


Et bien sûr, on a beau dire que l’on n’achète rien, on atterrit inévitablement « juste pour le plaisir des yeux ! » chez un marchand de tapis ou d’autres babioles pour touristes.

Nous rentrons manger avec Raoudha.

L'après-midi, nous partons en voiture pour faire le tour du cap Bon, bande de terre qui s’étire vers la Sicile et assure la transition entre l’Afrique et l’Europe.
Depuis Soliman, la route est assez jolie. Korbous est une station thermale déjà connue des Romains. Les maisons blanches descendent jusqu’à la mer. Le village est en plein développement touristique.
Nous roulons vers le nord-est en longeant plus ou moins la mer. Au bord de la route, des enfants vendent des caméléons vivants. Nous atteignons El Haouaria, à deux pas du cap Bon lui-même. Dans ce village, on pratique la chasse au faucon.
Une piste nous mène aux carrières romaines de Char-el-Kebir. Ce sont d’immenses grottes creusées par les prisonniers à l’époque de la Grande Rome. Les blocs de pierre qui en furent extraits servirent à la construction d’El Jem et de Carthage. L’entrée est payante. Puisqu’il s’agit de grottes, Viviane ne me suit pas. Un jeune, incontournable, se propose de me guider. Les explications fournies ne m’apprennent pas grand-chose de plus que ce que j’ai lu dans le Guide du Routard. Beauté sauvage du site. Dans l’une des grottes, un immense rocher en forme de dromadaire.

On  fait le tour du cap par Kerkouane, Kelibia, Menzel Temime. On se dirige vers Tunis par l’intérieur des terres. Plaines et plateaux se succèdent harmonieusement. C’est une Tunisie plus authentique, loin de la fureur touristique de Nabeul et d’Hammamet. Mulets et dromadaires participent aux travaux des champs.
Rentrés à Tunis, on mange et passe la soirée chez Hichem et Raoudha, avec Tayeb qui nous a rejoints.

Mardi 6 octobre 1998

Le matin, Viviane et moi partons en voiture au sud de Tunis. Aujourd’hui, le ciel est chargé de gros nuages. La route traverse une région désertique parsemée de tentes de nomades qui gardent les troupeaux.


Nous atteignons, à 57 kilomètres de Tunis, Thuburbo Majus, considéré comme l’un des grands sites romains de Tunisie, avec ses ruines grandioses dans un environnement magnifique.
Fondée probablement au Ve siècle avant JC, la cité fut colonisée par les Phéniciens. Partisane de Carthage, elle devint ensuite colonie romaine. Les Vandales précipitèrent son déclin. Après la conquête arabe, elle fut totalement abandonnée.
L’entrée est payante. La visite commence avec le capitole. Du haut de sa terrasse, on découvre l’ensemble du site. 















On parcourt le forum, le marché, les thermes ; on déambule dans les anciens quartiers d’habitation. Quelques faux guides hantent le site pour proposer aux touristes de fausses antiquités.

Retour à Tunis chez Raoudha. Nous y restons l’après-midi.
Par la suite, nous descendons en ville. Je m’achète une paire de sandales. Nous attendons notre ami algérien Salim à qui nous avions donné rendez-vous. Notre voyage en Tunisie nous a offert cette occasion de nous revoir. Vers 16h, Salim arrive d'Algérie en voiture avec sa femme Wahiba. Nous étions inquiets pour eux. Vu les événements en Algérie, les routes ne sont pas sûres. Enfin, ils sont là !

Nous recherchons avec eux un hôtel pour les loger. Puis nous les emmenons chez Hichem et Raoudha où nous allons passer la soirée.
Nous ramenons nos amis à la nuit dans leur hôtel. Comme il est difficile pour eux de sortir des devises de leur pays, ils sont désargentés. Nous leur proposons une avance de 1000 francs pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. Sans espoir de retour, bien entendu ! A charge de revanche toutefois lors d’un éventuel séjour en Algérie…

Mercredi 7 octobre 1998

Dans la matinée, nous nous retrouvons à l’hôtel. On prend un taxi et nous allons faire une promenade tous les quatre dans la médina. Au retour, sur l’avenue Habib Bourguiba, dans la ville coloniale, nous faisons halte dans un magasin de fleurs, tenu par Raoudha.

L'après-midi, Viviane et moi proposons une sortie en voiture à Salim, Wahiba et Raoudha.  Nous nous rendons d’abord au lac de Tunis, situé entre la ville et le port de La Goulette, populaire et pollué par les hydrocarbures. Par endroit, ça sent vraiment mauvais ! Il y existe un centre commercial. Wahiba et Raoudha ressentent un besoin irrépressible d’aller faire du shopping ! Nous suivons…
Plus intéressant pour moi… nous nous rendons à Carthage.
Nous visitons la cathédrale Saint-Louis. C’est une ancienne cathédrale catholique. 


L'édifice de la fin du XIXe siècle est de style byzantino-mauresque.


Désaffectée pour le culte, elle est désormais connue sous le nom d'Acropolium comme un lieu culturel accueillant rencontres, expositions ou concerts. Elle se trouve au sommet de la colline de Byrsa et à proximité immédiate des ruines de l'antique cité punique puis romaine.
Nous n’allons pas sur le site des ruines romaines, pour l’avoir déjà visité en 1985. Par contre, nous faisons un passage aux anciens ports puniques (« d’aimable mares aux canards », dit le Guide du Routard). Il ne reste pas de vestiges significatifs qui donnent une idée de ce qu’ils pouvaient représenter. Nous nous laissons guider par un gardien qui nous explique la reconstitution des ports et nous aide à comprendre le site, contre une modeste rétribution.

Avant de rentrer, nous allons visiter Sidi-Bou-Saïd.
Nous faisons tout d’abord un petit tour au milieu des bateaux du port de plaisance avant de grimper au village situé à 130 mètres d’altitude. 




Accroché au flanc de la montagne, veillant sur le golfe de Tunis, c’est un véritable balcon sur la mer, où le blanc et le bleu se complètent harmonieusement. 















En cette époque de l’année, où les touristes ne sont pas foule, le village se visite assez tranquillement. Nous flânons dans les rues et les venelles. 



Nous admirons les portes aux arcatures de pierres sculptées, les karrajs (grilles renflées qui forment une dentelle métallique devant les fenêtres), les moucharabiehs (balcons fermés). Ici et là dans les ruelles se découvrent des jardins secrets remplis de figuiers, d’eucalyptus, de bougainvillées. La lumière du soir révèle la courbe harmonieuse des dômes et des angles des murs arrondis.


Nous terminons notre visite en allant boire un thé à la menthe avec des pignons de pin, au café Sidi Chabaane, un endroit exceptionnel surplombant le golfe avec un magnifique panorama. Les Tunisiens viennent y fumer le chicha.
Quant à nous, nous rentrons à Tunis.

Jeudi 8 octobre 1998

Aujourd’hui, nous partons en voyage avec Salim et Wahiba dans le nord de la Tunisie, sur la trace des anciens lieux de séjour de Viviane lorsqu'elle était enfant.
Nous faisons d’abord une halte à Mateur. Viviane y retrouve son ancien pensionnat. Nous pénétrons dans le hall d’entrée de l’immeuble, maintenant bâtiment administratif de la municipalité. On nous demande ce qui nous amène. Accueil souriant des employés, après nos explications....
Viviane recherche l’église où elle a fait sa première Communion. Il n’en reste que des ruines inaccessibles ! Dans la rue, des jeunes assis par terre font des commentaires sur notre groupe. Pour nous, pas de problème d’identification. Pour Salim et Wahiba, quelques réflexions s’imposent. Verdict : d’après l’accent, « ce sont des Algériens » !
Il est midi. Nous mangeons des brochettes dans une gargote que l’on découvre au hasard d’une rue.

Par la suite, nous poursuivons notre trajet jusqu’à Sejenane. Viviane reconnaît l’ancienne caserne où elle habitait avec son père, alors gendarme.
De Sejenane, on se dirige maintenant vers le cap Serrat dans une région sauvage et vallonnée. Des troupeaux vaquent au bord de la route. 


On fait une pause-cigarette (pour Salim).















Sur le trajet, des enfants de tribus berbères proposent des poteries, cuites à même le sol avec des branchages. On s’arrête pour en acheter une. Par solidarité. Moins drôle, un peu plus loin, d’autres enfants s’amusent à un jeu très intéressant : lancer des cailloux sur la voiture !
Nous atteignons le cap Serrat. Une magnifique plage déserte s’étend jusqu’au cap dominé par un phare. Nous nous attardons sur la plage. Viviane et Wahiba prennent un bain de pieds dans la mer, jupes retroussées. 



Nous montons jusqu’au phare.


C’est là aussi un lieu de souvenir pour Viviane, où elle venait passer des vacances. La vue depuis le phare est splen-dide.


Nous reprenons la route vers Bizerte, longeant le lac d’Ichkeul, étape d’oiseaux migrateurs entre l’Europe et l’Afrique. Nous atteignons Bizerte dans la soirée. Nous nous installons tous les quatre à l’hôtel El Feth, recommandé par le Guide du Routard.
Viviane et moi allons rendre visite, dans une école privée où elle était élève, à une religieuse, son ancien professeur. Lors de notre passage en 1985, nous n’avions pu la rencontrer, pour cause de vacances en France. Aujourd’hui, elle est là. C’est incroyable ! La religieuse reconnaît immédiatement Viviane. Moment d’émotion… La vieille dame nous invite à prendre l’apéritif et nous fait visiter les lieux.
Rejoignant nos amis à l’hôtel, nous allons manger au « Restaurant du Bonheur » : en fait de bonheur, un repas européen classique, passable, sans imagination, mais avec du clairet de Bizerte rosé !

Vendredi 9 octobre 1998

Le matin, nous faisons tous les quatre une balade sur le vieux port de Bizerte, un bassin entouré de maisons blanches et de grosses barques de couleur qui me rappellent quelque peu l’île de Malte. A cette heure, le port n’est pas encore très animé.
















Puisque nous sommes à Bizerte, nous allons rendre visite à Raoudha Labidi. On lui présente nos amis algériens. Nous faisons ensemble un tour en ville. 



Puis nous rentrons chez Raoudha. On discute sur les poufs et les banquettes à terre. Raoudha et Wahiba semblent bien s’entendre ; des éclats de rire le prouvent, parce que pour comprendre la conversation en arabe…c’est plus difficile ! 















A 14h, lorsque son mari rentre à la maison, nous mangeons tous ensemble. C’est vendredi, jour religieux ; on boit de l’eau.
Nous partons ensuite avec les enfants faire une balade avec deux voitures en bord de mer. On descend à pied sur une plage.
















Là, un petit drame se joue : Wahiba perd une bague que lui avait offerte Salim. On fouine dans les rochers et le sable, en vain. Salim n’a pas l’air content du tout !
Le jour tombe, on rentre à la maison. Nous passons la soirée et mangeons encore ensemble.
A 23h, nous quatre retournons à l’hôtel.

Samedi 10 octobre 1998

Au matin, nous faisons tous les quatre une balade en ville. Nous allons chercher chez elle Raoudha Labidi. A 10h, nous partons ensemble en voiture pour Dougga.
Une pluie fine commence à tomber. C’est l’automne aussi en Tunisie ! Dans un virage, la voiture dérape légèrement, me rappelant que, lorsque les premières pluies tombent sur une route depuis longtemps sèche, la chaussée devient glissante.
Nous atteignons Téboursouk, située au pied des monts Téboursouk dans la dorsale tunisienne. La dorsale tunisienne est un ensemble d'alignements montagneux, s'étendant de la frontière avec l'Algérie jusqu'aux hauteurs du cap Bon (en général sans les inclure). Elle constitue le prolongement oriental de l'Atlas saharien et de l’Atlas tellien.
Nous faisons halte dans un petit restaurant sympathique.
Nous allons ensuite visiter les ruines romaines de Dougga. Thugga, cité punique importante, alliée à Rome contre les Carthaginois, fut épargnée par les troupes romaines qui ravagèrent Carthage en 146 avant JC. Elle ne fut annexée qu’un siècle plus tard par César en 46. Dougga connaitra une grande prospérité dont témoignent aujourd’hui les ruines du site.
Il pleut. A l’entrée du site, un seul bus de touristes. Nous payons nos entrées. Salim emprunte au bar un parasol de la terrasse pour nous protéger de la pluie. Nous allons parcourir le site avec Salim en portefaix pour protéger Wahiba, Raoudha et Viviane. 


Le parasol d’ailleurs, prévu pour le soleil et non la pluie, ne protège rien du tout. Dans ces conditions, à part une franche rigolade, la visite sera rapide.
Ce site permet de mieux comprendre à quoi pouvait ressembler une ville romaine : le théâtre, le capitole, le forum, la maison de Dionysos et d’Ulysse, les thermes…


On rentre à Tunis, où l’on retrouve Hichem. Là, nous récupérons la voiture de Salim. Sa vieille guimbarde ne veut pas démarrer. C’est de nuit et sous la pluie dans les rues de Tunis que nous poussons la voiture, qui consent à repartir !
On se dirige à plusieurs voitures vers Nabeul. Nous allons manger au restaurant « Le Bon Kif » avec Hichem. On y déguste les meilleurs fruits de mer de la région.
Nous rentrons tous dormir dans la maison de la mère d’Hichem (qui est absente), avenue Mongi Slim.

Dimanche 11 octobre 1998

Nous passons la matinée à Nabeul. Salim, Wahiba et Raoudha Labidi repartent pour Bizerte, dans la voiture qui n’a pas fait de difficulté pour démarrer. Salim et Wahiba logeront ce soir chez Raoudha et rentreront demain en Algérie.

Quant à nous, nous allons manger à Hammamet avec Hichem et Tayeb. Tayeb nous véhicule. Nous mangeons en terrasse d’un restaurant et nous récupérons un verre à bière pour Viviane qui en fait la collection.
Nous nous promenons ensemble à Hammamet, « riviera » tunisienne devenue une usine à touristes. En face de la vieille ville s’est élevé un immense complexe commercial prétentieux et de mauvais goût. Dommage ! La médina, entourée de hauts remparts, est agréable et animée, hormis le souk inévitablement racoleur.
Nous rentrons à Nabeul où nous allons saluer la famille d’Hichem : sa mère et notamment son frère Zouir, de retour en Tunisie depuis 1994.
Tayeb nous explique les transformations qu’il a effectuées sur sa voiture. Il a trafiqué une installation au GPL, de manière artisanale, tout-à-fait interdite, sans aucune mesure de sécurité. Les bonbonnes de gaz sont camouflées dans le coffre sous un tapis. Aïe, aïe aïe !
Nous rentrons à Tunis.   

Lundi 12 octobre 1998

Hichem, lors de notre arrivée en Tunisie, nous avait inscrits pour un voyage organisé dans le Sud par un de ses neveux, travaillant dans une agence de voyage. Nous avions accepté parce que c’était pour nous une occasion de retourner dans le Sud.
Ainsi donc, à 5h10, devant un hôtel de tourisme de masse, Viviane et moi prenons place dans un autocar avec un groupe de Polonais. C’est la première fois que nous voyageons de la sorte, non sans appréhension. Il s’agit d’un voyage en groupe avec des Polonais qui ne parlent pas un mot de français. On commence à se « frictionner » avec une femme qui baisse le dos de son siège et prend toute la place. Le neveu d’Hichem, qui parle la langue, est l’animateur du voyage. Des questions-devinettes passionnantes du genre : « quel est le prénom du président de la République tunisienne ? » Dur, dur !...
A cette occasion, rappelons qu’après la destitution de Habib Bourguiba en 1987, Zine el-Abidine Ben Ali est devenu le Président de la République tunisienne.

Premier arrêt à El Jem. Les Polonais descendent du car. Tout le monde se photographie mutuellement puis s’engouffre dans l'amphithéâtre romain. Viviane et moi préférons rester à l’écart de la foule et visiter les grandioses ruines en paix. C’est d’ailleurs mon troisième passage sur le site.
Après la visite, nous nous dirigeons vers les échoppes de souvenirs où tout le groupe prend un petit déjeuner. Inévitables dromadaires devant lesquels se ruent les Polonais pour la photo-souvenir. Le neveu nous explique qu’il s’agit d’un séjour bon marché pour ces gens qui sortent pour la première fois de chez eux depuis la chute du communisme.
Le car redémarre, se dirige ver Gafsa, à l’intérieur des terres, à la frontière entre le nord et le sud du pays. A 42 km de là, nous atteignons Metlaoui.
Nous sommes ici dans la région des phosphates, première richesse minière du pays en dehors du pétrole. La ville abrite la direction de la Compagnie des phosphates et évoque l'atmosphère assez étrange d'une cité minière dans le désert.
Tout le monde descend dans l’unique hôtel du pays, l’hôtel Ennecim où l’on nous sert un repas de groupe réservé à l’avance, vite bâclé, sans intérêt.
Après le repas, on nous embarque tous dans une dizaine de 4x4 Land Rover pour le désert et les montagnes de l'Atlas.




Nous partageons une voiture avec la femme avec qui nous avions eu des « mots » dans le car. Elle parle un peu français.
La piste nous mène d’abord à une mine de phosphates. Paysage de désolation.
Seule une piste conduit aux gorges de Selja creusées dans la paroi de la falaise. On débouche au-dessus d’un petit cirque, un canyon et une vallée perdue. C’est le Far West !
















Pollution garantie. Les usines de phosphate déversent leurs déchets dans l’oued.
Un Tunisien, qui hante les lieux et qui s’improvise guide, s’étonne après quelques mots prononcés (« la », « choukrane » et quelques autres, appris lors de mes divers passages en Afrique du Nord) : « tu parles arabe, toi ? » Je lui explique que je ne suis pas polonais…
Nous rejoignons les 4x4 puis l’autocar à Metlaoui.

Direction les oasis de Tamerza et Chebika, vers la frontière algérienne.
Tamerza : le superbe vieux village, aujourd’hui abandonné, est planté tout en longueur le long d’une crête. On dirait un grand château de sable. A ses pieds, un lit d’oued asséché. Le soleil vient lécher la vallée. Un grand hôtel gâche un peu le site.



Deuxième arrêt à Chebika. C’est une oasis dans une gorge encaissée. Chebika était un poste de défense romain sur la route de Gabès. Le village accroché à la montagne a été abandonné après les inondations de 1969. La faille est un trou de verdure où les palmiers vivent les pieds dans l’oued.


Les Polonais se dirigent vers la buvette et les échoppes où l’on vend des roses des sables et du mica. Viviane et moi descendons vers la palmeraie. On suit le cours de l’oued jusqu’à une petite chute d’eau. On bifurque sur un sentier qui utilise les failles longitudinales de la roche. Des jeunes nous interpellent. Surtout ne pas aller vers là-bas : « Vous allez vers l’Algérie! » Jouant sur l’effet répulsif des touristes, vu la situation en Algérie, la jeunesse locale confond tourisme générateur d’emploi et arnaque juteuse.  
Mais l’un d’entre eux remarque que j’ai en main le Guide du Routard. En substance, cela veut dire que l’on ne fait pas partie du groupe de touristes, donc que l’on a droit à la paix. Merci, le GdR !
On rejoint tout de même le groupe, qui nous attend. L’autocar arrive à Tozeur à 17h30. Aux abords du « chott » El-Rharsa, des dromadaires paissent en liberté sur les marais.















Tozeur est une des oasis les plus célèbres du monde, irriguée par 200 sources, avec une splendide palmeraie de plus de 1000 ha. Nous n’aurons pas l’occasion de nous en rendre compte. On nous installe dans un hôtel à touristes. Petites chambres autour d’une piscine (où vient nager la femme polonaise du 4x4…). Nous mangeons au restaurant de l’hôtel.

A 21h, avec quelques personnes qui ont tout de même envie de bouger, nous allons visiter le musée Dar Cheraït, en ville : témoignage de la civilisation tunisienne dans un cadre grandiose, reconstitution de la vie quotidienne de la bourgeoisie tunisienne aux XVIIIe et XIXe siècles, son et lumière retraçant l’histoire des Mille et une nuits.

Mardi 13 octobre 1998

A 5h30, départ en autocar avec le groupe. Il fait encore nuit.
Nous traversons le désert salé du chott El-Djerid. Une route goudronnée, surélevée, relie Tozeur à Kebili, porte d’entrée des oasis.
Intermédiaires entre le désert de pierre et le désert de sable, les dépressions salées, « chott », se couvrent d’eau en hiver et prennent l’apparence d’une mer intérieure. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La traversée est néanmoins grandiose. Le sel suinte à la surface du sol.
Au lever du jour, arrêt programmé à l’un des étals du bord de la route où l’on vend des pierres. Les Polonais se précipitent pour acheter des roses des sables et améthystes garanties authentiques. En fait, elles sont tout bonnement peintes…
Viviane et moi préférons nous promener sur le chott où  subsistent quelques étendues d’eau.















On redémarre. Il fait jour maintenant sur le chott.















Nous atteignons Zaafrane, au sud de Douz, aux portes du Sahara. L’ancien village est ensablé par les dunes. Quelques murailles émergent encore.
Nous allons effectuer une balade à dos de dromadaire. Tout le monde revêt une gandhoura, pour faire couleur locale. 
















Pendant une heure, nous allons parcourir les dunes. Impressionnant, lorsque le dromadaire se lève ou se couche ! Il s’agit de bien se tenir.
L’intérêt de la sortie, c’est le paysage : les ruines, la source enfouie dans le sable, le petit lac caché parmi les palmiers et surtout les dunes à perte de vue…


Il est encore tôt. Le soleil n’est pas trop chaud. Le guide tunisien qui nous accompagne nous confie son envie d’aller en France. S’il savait !
C’est l’époque de la récolte des dattes. Après la balade, un étal propose des régimes entiers sur branche. Viviane et moi n’achetons rien. On va peut-être le regretter, car elles sont appétissantes.
On remonte dans le car. Par une route non revêtue, on atteint le village berbère de Tamezret, planté dans un paysage lunaire désolé de vallons rocailleux. Pendant que les Polonais s’arrêtent à la buvette programmée, je parcours avec Viviane les ruelles du village. Les maisons s’accrochent à la colline. 


C’est un des rares villages qui n’aient pas été touchés par l’invasion arabe. On y rencontre des enfants et quelques femmes. La  situation est due à l’émigration forcée des hommes vers Tunis, à cause du manque de travail. Les ruelles et les passages tombent en ruine. Dans ce décor de fin du monde, l’absence d’hommes rend la vie plus sauvage, les femmes ne devant pas parler aux inconnus.
Ça y est, on repart ! ...  pour s’arrêter un peu avant Matmata, dans une maison paysanne troglodytique. Le groupe s’y engouffre, avec moult photos. Viviane et moi attendons dans le bus. Ces arrêts programmés nous semblent indécents. Oui, bien sûr, ces gens sont rémunérés, mais… on a l’impression d’être au zoo.
A midi, on s’arrête à Matmata, village berbère troglodytique, au milieu des collines dénudées dans un paysage tourmenté au ton ocre percé de trous et de cavités. Il y a 25 ans, en 1973, j’y étais parvenu en bus depuis Gabès.
Pour se protéger des envahisseurs, la population s’est enterrée. Elle a creusé des cavités dans la roche tendre au fond de puits où l’on accède par des tunnels creusés dans le talus.
Nous mangeons dans un restaurant troglodytique, l’hôtel les Berbères, au fond d’une de ces cavités creusées dans le sol. Repas bon marché à la chaîne. Manifestement, le groupe n’a pas l’air d’enthousiasmer les serveurs. Bien entendu, ce sont des commerçants… et le service est prévu au plus bas prix ! « Qu’est-ce que vous faites là ? » nous demande l’un d’entre eux, remarquant que nous sommes français.
L’après-midi, c’est le trajet de retour. L’autocar fait un arrêt à Kairouan, la capitale spirituelle de la Tunisie, première ville sainte du Maghreb.
L’arrêt prévoit la visite d’un magasin de tapis, accointé avec les organisateurs, et c’est tout ! Le groupe descend, semble plus intéressé à se photographier mutuellement devant le bus (un peu comme les Japonais) qu’à essayer de découvrir la ville. Là encore, Viviane et moi allons parcourir quelques rues de la vieille ville, longeant la grande mosquée. Frustrant ! Le temps est compté, l’autocar doit repartir.

Nous atteignons Tunis à 19h20. Raoudha, la femme d’Hichem, nous attend devant l’hôtel et nous ramène à la maison.

Mercredi 14 octobre 1998

Le matin, nous allons faire quelques achats dans le quartier. Le soleil brille, la température est très agréable. Nous rendons visite à Tayeb et sa femme Monia.
Tayeb et Raoudha nous emmènent ensuite à l'aéroport.
Nous décollons à 12h30 pour Lyon.

Arrivée à Lyon à 15h10 (heure française).
Nous prenons le train jusqu’à Bourg-en-Bresse où nous retrouvons notre voiture, et nous rentrons à Arinthod.


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