Dimanche 4 octobre 1998
Viviane et moi quittons Arinthod (Jura) pour
Bourg-en-Bresse. De là, nous prenons un train pour Lyon à 7h30.
Départ depuis l'aéroport de Lyon-Satolas, pour la TUNISIE.
Arrivée à Tunis-Carthage vers 11h30.
Hichem et Raoudha nous attendent à l'aéroport. Nous
prenons en charge une voiture de location que nous a réservée Hichem pour la semaine. Nos amis nous
emmènent chez eux à TUNIS. Nous mangeons ensemble
dans leur appartement, avec le frère d'Hichem, Tayeb (maintenant en retraite).
Nous passons un coup de fil à Raoudha Labidi, fille de
la famille Ben Khalifa, que nous avions rencontrée à Menzel Bourguiba les 7 et 10 août 1985, dans
la maison où Viviane avait vécu lorsqu’elle était enfant. Elle nous invite pour
ce soir, tout de suite, même ! Nous annonçons à Hichem que nous passerons
la soirée à Bizerte. Un peu frustrés, Hichem et Tayeb !
Viviane et moi partons en voiture à Bizerte. Le mari de Raoudha Labidi nous
attend en ville et nous emmène à la maison. Nous y rejoignons notre amie et ses deux
enfants. Des retrouvailles chaleureuses ! En 1985, Raoudha était
étudiante en médecine. Elle a arrêté ses études et travaille dans un
laboratoire. Son mari est médecin. Nous mangeons et passons la soirée chez eux.
Nous rentrons chez Hichem à Tunis pour 23h30.
On dort dans la chambre des enfants.
Lundi 5 octobre 1998
Le matin, Viviane et moi descendons au centre-ville
et allons nous promener dans la
médina de Tunis. L ’Unesco l’a inscrite au répertoire du patrimoine
culturel de l’Humanité. Elle fut fondée il y a treize siècles. Sa visite est
une incursion dans le temps et une leçon d’histoire. C’est l’un des plus beaux
ensembles de mosquées, de médersas, tombeaux et habitations du bassin
méditerranéen.
Les souks étendent leur toile d’araignée autour des
monuments de la médina.
Les différents corps de métiers sont regroupés dans des
secteurs bien délimités. Les professions nobles trouvent leur place autour de la Grande Mosquée , les autres sont
repoussées à la périphérie.
On pénètre dans le labyrinthe des ruelles et des
passages couverts. On est assailli par une multitude d’odeurs, cuirs, fleurs,
épices. Il y a toujours quelqu’un de serviable pour vous aider !
Justement, un « guide » nous propose ses services. On a beau savoir,
on se fait quand même avoir. C’est vrai que sans lui nous ne serions pas montés
sur les magnifiques terrasses intérieures qui dominent la médina,
insoupçonnables de la rue.
En cette époque de l’année, où les touristes ne sont pas foule, le village se visite assez tranquillement. Nous flânons dans les rues et les venelles.
Nous admirons les portes aux arcatures de pierres sculptées, les karrajs (grilles renflées qui forment une dentelle métallique devant les fenêtres), les moucharabiehs (balcons fermés). Ici et là dans les ruelles se découvrent des jardins secrets remplis de figuiers, d’eucalyptus, de bougainvillées. La lumière du soir révèle la courbe harmonieuse des dômes et des angles des murs arrondis.
Sur le trajet, des enfants de tribus berbères proposent des poteries, cuites à même le sol avec des branchages. On s’arrête pour en acheter une. Par solidarité. Moins drôle, un peu plus loin, d’autres enfants s’amusent à un jeu très intéressant : lancer des cailloux sur la voiture !
Puisque nous sommes à Bizerte, nous allons rendre visite à Raoudha Labidi. On lui présente nos amis algériens. Nous faisons ensemble un tour en ville.
Puis nous rentrons chez Raoudha. On discute sur les poufs et les banquettes à terre. Raoudha et Wahiba semblent bien s’entendre ; des éclats de rire le prouvent, parce que pour comprendre la conversation en arabe…c’est plus difficile !
Là, un petit drame se joue : Wahiba perd une bague que lui avait offerte Salim. On fouine dans les rochers et le sable, en vain. Salim n’a pas l’air content du tout !
Pollution garantie. Les usines de phosphate déversent leurs déchets dans l’oued.
Deuxième arrêt à Chebika. C’est une oasis dans une gorge encaissée. Chebika était un poste de défense romain sur
la route de Gabès. Le village accroché à la montagne a été abandonné après les
inondations de 1969. La faille est un trou de verdure où les palmiers
vivent les pieds dans l’oued.
Les Polonais se dirigent vers la buvette et les échoppes où l’on vend des roses des sables et du mica. Viviane et moi descendons versla palmeraie. On
suit le cours de l’oued jusqu’à une petite chute d’eau. On bifurque sur un
sentier qui utilise les failles longitudinales de la roche. Des jeunes nous
interpellent. Surtout ne pas aller vers là-bas : « Vous allez vers
l’Algérie! » Jouant sur l’effet
répulsif des touristes, vu la situation en Algérie, la jeunesse locale confond
tourisme générateur d’emploi et arnaque juteuse.
Tozeur est une des oasis les plus célèbres du monde, irriguée par 200 sources, avec une splendide palmeraie de plus de1000
ha . Nous n’aurons pas l’occasion de nous en rendre compte. On nous
installe dans un hôtel à touristes. Petites chambres autour d’une piscine (où
vient nager la femme polonaise du 4x4…). Nous mangeons au restaurant de
l’hôtel.
Nous atteignons Zaafrane, au sud de Douz, aux portes du Sahara. L’ancien village est ensablé par les dunes. Quelques murailles émergent encore.
Pendant une heure, nous allons parcourir les dunes. Impressionnant, lorsque le dromadaire se lève ou se couche ! Il s’agit de bien se tenir.
Et bien sûr, on a beau dire que l’on n’achète rien,
on atterrit inévitablement « juste pour le plaisir des yeux ! »
chez un marchand de tapis ou d’autres babioles pour touristes.
Nous rentrons manger avec Raoudha.
L'après-midi, nous partons en voiture pour faire le
tour du cap Bon, bande de terre qui s’étire vers la Sicile et assure la transition
entre l’Afrique et l’Europe.
Depuis Soliman, la route est assez jolie. Korbous est une station thermale déjà
connue des Romains. Les maisons blanches descendent jusqu’à la mer. Le village
est en plein développement touristique.
Nous roulons vers le nord-est en longeant plus ou
moins la mer. Au bord de la route, des enfants vendent des caméléons vivants.
Nous atteignons El Haouaria, à deux
pas du cap Bon lui-même. Dans ce village,
on pratique la chasse au faucon.
Une piste nous mène aux carrières romaines de Char-el-Kebir.
Ce sont d’immenses grottes creusées par les prisonniers à l’époque de la Grande Rome. Les blocs de pierre qui en furent extraits
servirent à la construction d’El Jem et de Carthage. L’entrée est payante.
Puisqu’il s’agit de grottes, Viviane ne me suit pas. Un jeune, incontournable,
se propose de me guider. Les explications fournies ne m’apprennent pas
grand-chose de plus que ce que j’ai lu dans le Guide du Routard. Beauté sauvage
du site. Dans l’une des grottes, un immense rocher en forme de dromadaire.
On fait le
tour du cap par Kerkouane, Kelibia, Menzel Temime. On se dirige vers Tunis par
l’intérieur des terres. Plaines et plateaux se succèdent harmonieusement. C’est
une Tunisie plus authentique, loin de la fureur touristique de Nabeul et d’Hammamet.
Mulets et dromadaires participent aux travaux des champs.
Rentrés à Tunis, on mange et passe la soirée chez
Hichem et Raoudha, avec Tayeb qui nous a rejoints.
Mardi 6 octobre 1998
Le matin, Viviane et moi partons en voiture au sud
de Tunis. Aujourd’hui, le ciel est chargé de gros nuages. La route traverse une
région désertique parsemée de tentes de nomades qui gardent les troupeaux.
Nous atteignons, à 57 kilomètres de
Tunis, Thuburbo Majus, considéré
comme l’un des grands sites romains de Tunisie, avec ses ruines grandioses dans
un environnement magnifique.
Fondée
probablement au Ve siècle avant JC, la cité fut colonisée par les
Phéniciens. Partisane de Carthage, elle devint ensuite colonie romaine. Les
Vandales précipitèrent son déclin. Après la conquête arabe, elle fut
totalement abandonnée.
L’entrée est payante. La visite commence avec le
capitole. Du haut de sa terrasse, on découvre l’ensemble du site.
On parcourt le forum, le marché, les thermes ;
on déambule dans les anciens quartiers d’habitation. Quelques faux guides
hantent le site pour proposer aux touristes de fausses antiquités.
Retour à Tunis chez Raoudha. Nous y restons
l’après-midi.
Par la suite, nous descendons en ville. Je m’achète
une paire de sandales. Nous attendons notre ami algérien Salim à qui nous
avions donné rendez-vous. Notre voyage en Tunisie nous a offert cette occasion
de nous revoir. Vers 16h, Salim arrive d'Algérie en voiture avec sa femme Wahiba.
Nous étions inquiets pour eux. Vu les événements en Algérie, les routes ne sont
pas sûres. Enfin, ils sont là !
Nous recherchons avec eux un hôtel pour les loger.
Puis nous les emmenons chez Hichem et Raoudha où nous allons passer la soirée.
Nous ramenons nos amis à la nuit dans leur hôtel.
Comme il est difficile pour eux de sortir des devises de leur pays, ils sont désargentés.
Nous leur proposons une avance de 1000 francs pour qu’ils puissent subvenir à
leurs besoins. Sans espoir de retour, bien entendu ! A charge de revanche
toutefois lors d’un éventuel séjour en Algérie…
Mercredi 7 octobre 1998
Dans la matinée, nous nous retrouvons à l’hôtel. On
prend un taxi et nous allons faire une promenade tous les quatre dans la médina.
Au retour, sur l’avenue Habib Bourguiba, dans la ville coloniale, nous
faisons halte dans un magasin de fleurs, tenu par Raoudha.
L'après-midi, Viviane et moi proposons une sortie en
voiture à Salim, Wahiba et Raoudha. Nous
nous rendons d’abord au lac de Tunis, situé entre la ville et le port de
La Goulette ,
populaire et pollué par les hydrocarbures. Par endroit, ça sent vraiment
mauvais ! Il y existe un centre commercial. Wahiba et Raoudha ressentent
un besoin irrépressible d’aller faire du shopping ! Nous suivons…
Plus intéressant pour moi… nous nous rendons à Carthage.
Nous visitons la cathédrale Saint-Louis. C ’est une ancienne cathédrale
catholique.
L'édifice de la fin du XIXe siècle est de
style byzantino-mauresque.
Désaffectée pour le culte, elle est désormais
connue sous le nom d'Acropolium
comme un lieu culturel accueillant rencontres, expositions ou concerts. Elle
se trouve au sommet de la colline de Byrsa et à proximité immédiate des ruines
de l'antique cité punique puis romaine.
Nous n’allons pas sur le site des ruines romaines,
pour l’avoir déjà visité en 1985. Par contre, nous faisons un passage aux anciens
ports puniques (« d’aimable mares aux canards », dit le Guide du
Routard). Il ne reste pas de vestiges significatifs qui donnent une idée de ce
qu’ils pouvaient représenter. Nous nous laissons guider par un gardien qui nous
explique la reconstitution des ports et nous aide à comprendre le site,
contre une modeste rétribution.
Avant de rentrer, nous allons visiter Sidi-Bou-Saïd.
Nous faisons tout d’abord un petit tour au milieu
des bateaux du port de plaisance avant de grimper au village situé à 130 mètres d’altitude.
Accroché au flanc de la montagne, veillant sur le
golfe de Tunis, c’est un véritable balcon sur la mer, où le blanc et le bleu
se complètent harmonieusement.
En cette époque de l’année, où les touristes ne sont pas foule, le village se visite assez tranquillement. Nous flânons dans les rues et les venelles.
Nous admirons les portes aux arcatures de pierres sculptées, les karrajs (grilles renflées qui forment une dentelle métallique devant les fenêtres), les moucharabiehs (balcons fermés). Ici et là dans les ruelles se découvrent des jardins secrets remplis de figuiers, d’eucalyptus, de bougainvillées. La lumière du soir révèle la courbe harmonieuse des dômes et des angles des murs arrondis.
Nous terminons notre visite en allant boire un thé à la menthe avec des pignons de pin, au café Sidi Chabaane, un endroit exceptionnel
surplombant le golfe avec un magnifique panorama. Les Tunisiens viennent y
fumer le chicha.
Quant à nous, nous rentrons à Tunis.
Jeudi 8 octobre 1998
Aujourd’hui, nous partons en voyage avec Salim et
Wahiba dans le nord de la
Tunisie , sur la trace des anciens lieux de séjour de Viviane
lorsqu'elle était enfant.
Nous faisons d’abord une halte à Mateur. Viviane y retrouve son ancien
pensionnat. Nous pénétrons dans le hall d’entrée de l’immeuble, maintenant
bâtiment administratif de la municipalité. On nous demande ce qui nous amène.
Accueil souriant des employés, après nos explications....
Viviane recherche l’église où elle a fait sa
première Communion. Il n’en reste que des ruines inaccessibles ! Dans la
rue, des jeunes assis par terre font des commentaires sur notre groupe. Pour
nous, pas de problème d’identification. Pour Salim et Wahiba, quelques
réflexions s’imposent. Verdict : d’après l’accent, « ce sont des
Algériens » !
Il est midi. Nous mangeons des brochettes dans une
gargote que l’on découvre au hasard d’une rue.
Par la suite, nous poursuivons notre trajet jusqu’à Sejenane. Viviane reconnaît l’ancienne
caserne où elle habitait avec son père, alors gendarme.
De Sejenane, on se dirige maintenant vers le cap
Serrat dans une région sauvage et vallonnée. Des troupeaux vaquent au bord de
la route.
On fait une pause-cigarette (pour Salim).
Sur le trajet, des enfants de tribus berbères proposent des poteries, cuites à même le sol avec des branchages. On s’arrête pour en acheter une. Par solidarité. Moins drôle, un peu plus loin, d’autres enfants s’amusent à un jeu très intéressant : lancer des cailloux sur la voiture !
Nous atteignons le cap Serrat. Une magnifique plage déserte s’étend jusqu’au cap
dominé par un phare. Nous nous attardons sur la plage. Viviane et
Wahiba prennent un bain de pieds dans la mer, jupes retroussées.
Nous montons jusqu’au phare.
C’est là
aussi un lieu de souvenir pour Viviane, où elle venait passer des vacances. La
vue depuis le phare est splen-dide.
Nous reprenons la route vers Bizerte, longeant le
lac d’Ichkeul, étape d’oiseaux migrateurs entre l’Europe et l’Afrique. Nous
atteignons Bizerte dans la soirée. Nous nous installons
tous les quatre à l’hôtel El Feth, recommandé par le Guide du Routard.
Viviane et moi allons rendre visite, dans une école
privée où elle était élève, à une religieuse, son ancien professeur. Lors de
notre passage en 1985, nous n’avions pu la rencontrer, pour cause de vacances
en France. Aujourd’hui, elle est là. C’est incroyable ! La religieuse
reconnaît immédiatement Viviane. Moment d’émotion… La vieille dame nous invite
à prendre l’apéritif et nous fait visiter les lieux.
Rejoignant nos amis à l’hôtel, nous allons manger au
« Restaurant du Bonheur » : en fait de bonheur, un repas européen
classique, passable, sans imagination, mais avec du clairet de Bizerte
rosé !
Vendredi 9 octobre 1998
Le matin, nous faisons tous les quatre une balade
sur le vieux port de Bizerte, un bassin entouré de maisons blanches et de
grosses barques de couleur qui me rappellent quelque peu l’île de Malte. A
cette heure, le port n’est pas encore très animé.
Puisque nous sommes à Bizerte, nous allons rendre visite à Raoudha Labidi. On lui présente nos amis algériens. Nous faisons ensemble un tour en ville.
Puis nous rentrons chez Raoudha. On discute sur les poufs et les banquettes à terre. Raoudha et Wahiba semblent bien s’entendre ; des éclats de rire le prouvent, parce que pour comprendre la conversation en arabe…c’est plus difficile !
A 14h, lorsque son mari rentre à la maison, nous
mangeons tous ensemble. C’est vendredi, jour religieux ; on boit de
l’eau.
Nous partons ensuite avec les enfants faire une
balade avec deux voitures en bord de mer. On descend à pied sur une plage.
Là, un petit drame se joue : Wahiba perd une bague que lui avait offerte Salim. On fouine dans les rochers et le sable, en vain. Salim n’a pas l’air content du tout !
Le jour tombe, on rentre à la maison. Nous passons
la soirée et mangeons encore ensemble.
A 23h, nous quatre retournons à l’hôtel.
Samedi 10 octobre 1998
Au matin, nous faisons tous les quatre une balade en
ville. Nous allons chercher chez elle Raoudha Labidi. A 10h, nous partons ensemble en voiture pour
Dougga.
Une pluie fine commence à tomber. C’est l’automne
aussi en Tunisie ! Dans un virage, la voiture dérape légèrement, me rappelant
que, lorsque les premières pluies tombent sur une route depuis longtemps sèche,
la chaussée devient glissante.
Nous atteignons Téboursouk,
située au pied des monts Téboursouk dans la dorsale tunisienne. La dorsale
tunisienne est un ensemble d'alignements montagneux, s'étendant de la
frontière avec l'Algérie jusqu'aux hauteurs du cap Bon (en général sans les
inclure). Elle constitue le prolongement oriental de l'Atlas saharien et de
l’Atlas tellien.
Nous faisons halte dans un petit restaurant
sympathique.
Nous allons ensuite visiter les ruines romaines de Dougga. Thugga,
cité punique importante, alliée à Rome contre les Carthaginois, fut épargnée
par les troupes romaines qui ravagèrent Carthage en 146 avant JC. Elle ne fut
annexée qu’un siècle plus tard par César en 46. Dougga connaitra une grande
prospérité dont témoignent aujourd’hui les ruines du site.
Il pleut. A l’entrée du site, un seul bus de touristes.
Nous payons nos entrées. Salim emprunte au bar un parasol de la terrasse pour
nous protéger de la pluie.
Nous allons parcourir le site avec Salim en portefaix pour
protéger Wahiba, Raoudha et Viviane.
Le parasol d’ailleurs, prévu pour le soleil et non
la pluie, ne protège rien du tout. Dans
ces conditions, à part une franche rigolade, la visite sera rapide.
Ce site permet de mieux comprendre à quoi pouvait
ressembler une ville romaine : le théâtre, le capitole, le forum, la
maison de Dionysos et d’Ulysse, les thermes…
On rentre à Tunis, où l’on retrouve Hichem. Là,
nous récupérons la voiture de Salim. Sa vieille guimbarde ne veut pas démarrer.
C’est de nuit et sous la pluie dans les rues de Tunis que nous poussons la
voiture, qui consent à repartir !
On se dirige à plusieurs voitures vers Nabeul. Nous allons manger au
restaurant « Le Bon Kif » avec Hichem. On y déguste les meilleurs
fruits de mer de la région.
Nous rentrons tous dormir dans la maison de la mère
d’Hichem (qui est absente), avenue Mongi Slim.
Dimanche 11 octobre 1998
Nous passons la matinée à Nabeul. Salim, Wahiba et
Raoudha Labidi repartent pour Bizerte, dans la voiture qui n’a pas fait de
difficulté pour démarrer. Salim et Wahiba logeront ce soir chez Raoudha et
rentreront demain en Algérie.
Quant à nous, nous allons manger à Hammamet avec Hichem et Tayeb. Tayeb nous véhicule. Nous mangeons en terrasse d’un
restaurant et nous récupérons un verre à bière pour Viviane qui en fait la collection.
Nous nous promenons ensemble à Hammamet, « riviera »
tunisienne devenue une usine à touristes. En face de la vieille ville s’est
élevé un immense complexe commercial prétentieux et de mauvais goût. Dommage !
La médina, entourée de hauts remparts, est agréable et animée, hormis le souk
inévitablement racoleur.
Nous rentrons à Nabeul où nous allons saluer la famille
d’Hichem : sa mère et notamment son frère Zouir, de retour en Tunisie depuis
1994.
Tayeb nous explique les transformations qu’il a
effectuées sur sa voiture. Il a trafiqué une installation au GPL, de manière
artisanale, tout-à-fait interdite, sans aucune mesure de sécurité. Les bonbonnes
de gaz sont camouflées dans le coffre sous un tapis. Aïe, aïe aïe !
Nous rentrons à Tunis.
Lundi 12 octobre 1998
Hichem, lors de notre arrivée en Tunisie, nous avait
inscrits pour un voyage organisé dans le Sud par un de ses neveux, travaillant
dans une agence de voyage. Nous avions accepté parce que c’était pour nous une
occasion de retourner dans le Sud.
Ainsi donc, à 5h10, devant un hôtel de tourisme de
masse, Viviane et moi prenons place dans un autocar avec un groupe de Polonais.
C’est la première fois que nous voyageons de la sorte, non sans appréhension.
Il s’agit d’un voyage en groupe avec des Polonais qui ne parlent pas un mot de
français. On commence à se « frictionner » avec une femme qui baisse
le dos de son siège et prend toute la place. Le neveu d’Hichem, qui parle la langue, est
l’animateur du voyage. Des questions-devinettes passionnantes du genre :
« quel est le prénom du président de la République
tunisienne ? » Dur, dur !...
A cette
occasion, rappelons qu’après la destitution de Habib Bourguiba en 1987, Zine
el-Abidine Ben Ali est devenu le Président de la République tunisienne.
Premier arrêt à El
Jem. Les Polonais descendent du car. Tout le monde se photographie
mutuellement puis s’engouffre dans l'amphithéâtre romain. Viviane et moi
préférons rester à l’écart de la foule et visiter les grandioses ruines en
paix. C’est d’ailleurs mon troisième passage sur le site.
Après la visite, nous nous dirigeons vers les
échoppes de souvenirs où tout le groupe prend un petit déjeuner. Inévitables
dromadaires devant lesquels se ruent les Polonais pour la photo-souvenir. Le
neveu nous explique qu’il s’agit d’un séjour bon marché pour ces gens qui
sortent pour la première fois de chez eux depuis la chute du communisme.
Le car redémarre, se dirige ver Gafsa, à l’intérieur
des terres, à la frontière entre le nord et le sud du pays. A 42 km de là, nous atteignons Metlaoui.
Nous sommes
ici dans la région des phosphates, première richesse minière du pays en dehors
du pétrole.
La ville abrite la direction de la Compagnie des phosphates
et évoque l'atmosphère assez étrange d'une cité minière dans le désert.
Tout le monde descend dans l’unique hôtel du pays, l’hôtel
Ennecim où l’on nous sert un repas de groupe réservé à l’avance, vite
bâclé, sans intérêt.
Après le repas, on nous embarque tous dans une
dizaine de 4x4 Land Rover pour le désert et les montagnes de l'Atlas.
Nous partageons une voiture avec la femme avec qui nous avions eu des « mots » dans le car. Elle parle un peu français.
Nous partageons une voiture avec la femme avec qui nous avions eu des « mots » dans le car. Elle parle un peu français.
La piste nous mène d’abord à une mine de phosphates.
Paysage de désolation.
Seule une piste conduit aux gorges de Selja creusées dans la paroi de la falaise. On débouche
au-dessus d’un petit cirque, un canyon et une vallée perdue. C’est le Far
West !
Pollution garantie. Les usines de phosphate déversent leurs déchets dans l’oued.
Un Tunisien, qui hante les lieux et qui s’improvise
guide, s’étonne après quelques mots prononcés (« la », « choukrane »
et quelques autres, appris lors de mes divers passages en Afrique du Nord) :
« tu parles arabe, toi ? » Je lui explique que je ne suis pas
polonais…
Nous rejoignons les 4x4 puis l’autocar à Metlaoui.
Direction les oasis de Tamerza et Chebika, vers la
frontière algérienne.
Tamerza : le superbe vieux village,
aujourd’hui abandonné, est planté tout en longueur le long d’une crête. On
dirait un grand château de sable. A ses pieds, un lit d’oued asséché. Le soleil
vient lécher la vallée. Un
grand hôtel gâche un peu le site.
Les Polonais se dirigent vers la buvette et les échoppes où l’on vend des roses des sables et du mica. Viviane et moi descendons vers
Mais l’un d’entre eux remarque que j’ai en main le
Guide du Routard. En substance, cela veut dire que l’on ne fait pas partie du
groupe de touristes, donc que l’on a droit à la paix. Merci , le
GdR !
On rejoint tout de même le groupe, qui nous attend.
L’autocar arrive à Tozeur à 17h30.
Aux abords du « chott » El-Rharsa, des dromadaires paissent en liberté
sur les marais.
Tozeur est une des oasis les plus célèbres du monde, irriguée par 200 sources, avec une splendide palmeraie de plus de
A 21h, avec quelques personnes qui ont tout de même
envie de bouger, nous allons visiter le musée Dar Cheraït, en
ville : témoignage de la civilisation tunisienne dans un cadre grandiose,
reconstitution de la vie quotidienne de la bourgeoisie tunisienne aux XVIIIe
et XIXe siècles, son et lumière retraçant l’histoire des Mille et
une nuits.
Mardi 13 octobre 1998
A 5h30, départ en autocar avec le groupe. Il fait
encore nuit.
Nous traversons le désert salé du chott El-Djerid. Une route goudronnée,
surélevée, relie Tozeur à Kebili, porte d’entrée des oasis.
Intermédiaires
entre le désert de pierre et le désert de sable, les dépressions salées,
« chott », se couvrent d’eau en hiver et prennent l’apparence d’une
mer intérieure. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La traversée est néanmoins
grandiose. Le sel suinte à la surface du sol.
Au lever du jour, arrêt programmé à l’un des étals du
bord de la route où l’on vend des pierres. Les Polonais se précipitent pour
acheter des roses des sables et améthystes garanties authentiques. En fait,
elles sont tout bonnement peintes…
Viviane et moi préférons nous promener sur le chott
où subsistent quelques étendues d’eau.
On redémarre. Il fait jour maintenant sur le chott.
Nous atteignons Zaafrane, au sud de Douz, aux portes du Sahara. L’ancien village est ensablé par les dunes. Quelques murailles émergent encore.
Nous allons effectuer une balade à dos de
dromadaire. Tout le monde revêt une gandhoura, pour faire couleur locale.
Pendant une heure, nous allons parcourir les dunes. Impressionnant, lorsque le dromadaire se lève ou se couche ! Il s’agit de bien se tenir.
L’intérêt de la sortie, c’est le paysage : les
ruines, la source enfouie dans le sable, le petit lac caché parmi les palmiers
et surtout les dunes à perte de vue…
Il est encore tôt. Le soleil n’est pas trop chaud.
Le guide tunisien qui nous accompagne nous confie son envie d’aller en France.
S’il savait !
C’est l’époque de la récolte des dattes. Après la
balade, un étal propose des régimes entiers sur branche. Viviane et moi
n’achetons rien. On va peut-être le regretter, car elles sont appétissantes.
On remonte dans le car. Par une route non revêtue,
on atteint le village berbère de Tamezret,
planté dans un paysage lunaire désolé de vallons rocailleux. Pendant que les
Polonais s’arrêtent à la buvette programmée, je parcours avec Viviane les
ruelles du village. Les maisons s’accrochent à la colline.
C’est un des
rares villages qui n’aient pas été touchés par l’invasion arabe. On y rencontre des enfants
et quelques femmes. La situation est due à l’émigration forcée des
hommes vers Tunis, à cause du manque de travail. Les ruelles et les
passages tombent en ruine. Dans ce décor de fin du monde, l’absence d’hommes
rend la vie plus sauvage, les femmes ne devant pas parler aux inconnus.
Ça y est, on repart ! ... pour s’arrêter
un peu avant Matmata, dans une maison paysanne troglodytique. Le groupe s’y engouffre,
avec moult photos. Viviane et moi attendons dans le bus. Ces arrêts programmés
nous semblent indécents. Oui, bien sûr, ces gens sont rémunérés, mais… on a
l’impression d’être au zoo.
A midi, on s’arrête à Matmata, village berbère troglodytique, au milieu des collines
dénudées dans un paysage tourmenté au ton ocre percé de trous et de
cavités. Il y a 25 ans, en 1973, j’y étais parvenu en bus depuis Gabès.
Pour se
protéger des envahisseurs, la population s’est enterrée. Elle a creusé des
cavités dans la roche tendre au fond de puits où l’on accède par des tunnels
creusés dans le talus.
Nous mangeons dans un restaurant troglodytique, l’hôtel
les Berbères, au fond d’une de ces cavités creusées dans le sol. Repas bon
marché à la
chaîne. Manifestement , le groupe n’a pas l’air
d’enthousiasmer les serveurs. Bien entendu, ce sont des commerçants… et le
service est prévu au plus bas prix ! « Qu’est-ce que vous faites
là ? » nous demande l’un d’entre eux, remarquant que nous sommes
français.
L’après-midi, c’est le trajet de retour. L’autocar
fait un arrêt à Kairouan, la
capitale spirituelle de la
Tunisie , première ville sainte du Maghreb.
L’arrêt prévoit la visite d’un magasin de tapis, accointé
avec les organisateurs, et c’est tout ! Le groupe descend, semble plus
intéressé à se photographier mutuellement devant le bus (un peu comme les
Japonais) qu’à essayer de découvrir la ville. Là encore, Viviane et moi allons
parcourir quelques rues de la vieille ville, longeant la grande mosquée.
Frustrant ! Le temps est compté, l’autocar doit repartir.
Nous atteignons Tunis à 19h20. Raoudha, la femme
d’Hichem, nous attend devant l’hôtel et nous ramène à la maison.
Mercredi 14 octobre 1998
Le matin, nous allons faire quelques achats dans le
quartier. Le soleil brille, la température est très agréable. Nous rendons
visite à Tayeb et sa femme Monia.
Tayeb et Raoudha nous emmènent ensuite à l'aéroport.
Nous décollons à 12h30 pour Lyon.
Arrivée à Lyon à 15h10 (heure française).
Nous prenons le train jusqu’à Bourg-en-Bresse où
nous retrouvons notre voiture, et nous rentrons à Arinthod.
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